L
es coups sans risque existent-ils ? Aussi
fréquemment que les complices fiables, les représentants de l’ordre
incorruptibles et les parrains magnanimes. Tyler Cross n’y croyait
probablement pas, mais aujourd’hui, il se trouve prisonnier à Angola,
sorte de ferme d’Etat, ou plutôt un camp de travail, aux conditions de
survie on ne peut plus précaires. Il va falloir en sortir. Et remettre
la main sur le magot qui lui vaut d’être ici, bien entendu.
Avec ce deuxième volet de Tyler Cross, le trio Nury-Brüno-Croix administre encore une leçon à tous ceux qui veulent en recevoir : pêle-mêle, les amateurs de romans noirs, les friands de portraits désenchantés où les puissants écrasent toujours les humbles, les gourmands d’ambiances qui refusent d’être tièdes, et, ce n’est pas le moindre de leur mérite, les amoureux de bande dessinée.
Inutile de décortiquer l’intrigue, elle est classique dans le bon sens du terme, et généreusement exposée sur une centaine de planches, soit le double de l'album précédent salué à l'époque pour l'impact découlant de sa densité. Qu'on se rassure, rien n'est ici trop dilué mais le plaisir est également, et peut-être avant tout, ailleurs. Par trois aspects.
Dans la maîtrise d’une voix off qui a ce qu’il faut d’impersonnel dans sa façon d’être factuelle et, chose appréciable, à peine cynique. Dans le choix des couleurs, avec des parti-pris radicaux, où soleil de plomb écrasant d’un lieu de labeur ou éclatant d’un bord de piscine le dispute avec la grisaille et l’obscurité des geôles (seule entorse à une forme d’épure chromatique, le côté « matière » laissé à la cage à suée, mitard d’Angola, aux surfaces plus organiques, charbonneuses ; singulier mais frappant). Et enfin, dans cette excellence de la composition et du découpage qui culmine à la découverte des pages 83 ou 89 à 91. Pour détourner l’attention et/ou éviter un procès en expertise clinique, les complices s’emploient à se donner un côté « canaille à la petite semaine » en dissimulant leur savoir-faire par le recyclage de formules cheap (le slogan très cinéma de genre "Si Tyler Cross sort un jour, ce ne sera pas pour bonne conduite") ou de personnages fortement typés, comme pour ressembler à des auteurs plus ordinaires. Insuffisant pour être dupes !
Non, les coups faciles n’existent pas. Mais ceux qui sont parfaitement exécutés, en apparence avec une forme d’insolente aisance dans leur rendu final, si. La preuve en est donnée. La classe.
La chronique du tome précédent
Par L. Cirade
Avec ce deuxième volet de Tyler Cross, le trio Nury-Brüno-Croix administre encore une leçon à tous ceux qui veulent en recevoir : pêle-mêle, les amateurs de romans noirs, les friands de portraits désenchantés où les puissants écrasent toujours les humbles, les gourmands d’ambiances qui refusent d’être tièdes, et, ce n’est pas le moindre de leur mérite, les amoureux de bande dessinée.
Inutile de décortiquer l’intrigue, elle est classique dans le bon sens du terme, et généreusement exposée sur une centaine de planches, soit le double de l'album précédent salué à l'époque pour l'impact découlant de sa densité. Qu'on se rassure, rien n'est ici trop dilué mais le plaisir est également, et peut-être avant tout, ailleurs. Par trois aspects.
Dans la maîtrise d’une voix off qui a ce qu’il faut d’impersonnel dans sa façon d’être factuelle et, chose appréciable, à peine cynique. Dans le choix des couleurs, avec des parti-pris radicaux, où soleil de plomb écrasant d’un lieu de labeur ou éclatant d’un bord de piscine le dispute avec la grisaille et l’obscurité des geôles (seule entorse à une forme d’épure chromatique, le côté « matière » laissé à la cage à suée, mitard d’Angola, aux surfaces plus organiques, charbonneuses ; singulier mais frappant). Et enfin, dans cette excellence de la composition et du découpage qui culmine à la découverte des pages 83 ou 89 à 91. Pour détourner l’attention et/ou éviter un procès en expertise clinique, les complices s’emploient à se donner un côté « canaille à la petite semaine » en dissimulant leur savoir-faire par le recyclage de formules cheap (le slogan très cinéma de genre "Si Tyler Cross sort un jour, ce ne sera pas pour bonne conduite") ou de personnages fortement typés, comme pour ressembler à des auteurs plus ordinaires. Insuffisant pour être dupes !
Non, les coups faciles n’existent pas. Mais ceux qui sont parfaitement exécutés, en apparence avec une forme d’insolente aisance dans leur rendu final, si. La preuve en est donnée. La classe.
La chronique du tome précédent
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